ESSWE home


News

Bertrand Méheust, "Introduction to the history of modern and contemporary esoterism"

2012-01-05 15:27 | ESSWE admin (Administrator)
The Institut Métapsychique International is organizing a seminar by Bertrand Méheust (philosopher and historian of parapsychology)
on "Introduction to the history of modern and contemporary esoterism". The seminar will be in French, at IMI (Paris), the 3/4 March and 7/8 April 2012.

Bertrand Méheust, professeur de philosophie et sociologue, animera deux séminaires sur 4 week-ends de janvier à avril 2012 :
  • le premier sur les états modifiés de conscience et l’histoire comparée des religions
  • le second sur l’introduction à l’histoire de l’ésotérisme moderne et contemporain
Ces séminaires se baseront sur deux cours donnés à l’Université de Lausanne en 2010. Ils sont ouverts à tous mais le nombre de places est limité.

Prendre part à ces séminaires est une occasion unique. Membre de l’IMI depuis 1999, Bertrand Méheust est perçu à l’étranger comme un des derniers « auteurs de l’impossible »,
selon l’expression du Professeur de philosophie et de pensée religieuse, Jeffrey Krippal (2010). Connu comme théoricien en ufologie, historien et sociologue de la métapsychique
avec sa thèse Somnambulisme et Médiumnité (Les Empêcheurs de Penser en Rond, 1999), il intervient également dans le débat sur l’écologie et la politique.

Séminaire I : États modifiés de conscience et histoire comparée des religions

Le concept d’états modifiés (ou non ordinaires, ou altérés, de conscience) qui seraient l’objet d’une branche nouvelle de la psychologie, est une idée récente, liée à la reprise, par la science contemporaine, de dimensions de l’expérience qui jusque là dépendaient du domaine magico-religieux. Cette nouvelle branche de la psychologie, relativement récente sous sa forme académique, ouvre des perspectives très riches, mais elle est encore l’objet de polémiques. Nous sommes donc dans un sujet « chaud », ce qui le rend d’autant plus passionnant.

Cette idée émerge au début des temps modernes, en même temps que ce que l’on appelle aujourd’hui les « sciences psychiques ». Auparavant, ces états de conscience « non ordinaires », ou « modifiés » (on verra les nuances que recouvrent ces expressions) étaient vécus sur un tout autre registre. La psychologie n’était pas encore née, la catégorie de l’individu n’existait pas encore, ou du moins n’avait pas le sens et l’importance qu’elle a prise aujourd’hui, et ces états de conscience étaient vécus par ceux qui en faisaient l’expérience, et pensés par la société, à travers le registre magico-religieux.

Pour pendre un exemple, au XVI° siècle une épidémie d’apparitions du diable se développe en Europe, particulièrement en France et en Allemagne. Cette épidémie est d’abord vécue à travers les concepts de la théologie de l’époque. Les contacts avec le diable ne sont pas pensés par les juges et les théologiens du XVI° siècle comme un problème psychologique à élucider, mais comme une invasion diabolique réelle et terrifiante qu’il faut arrêter par une répression impitoyable. Puis, avec un médecin hollandais nommé Jean Wier, pour la première fois, les sorcières ne sont plus considérées comme des personnes malfaisantes qu’il faut punir et éradiquer, mais comme des malades en proie à des hallucinations qu’il soigner. L’appréhension de ces phénomènes se transforme, sans qu’ils perdent nécessairement pour autant leur pouvoir de fascination.

Il est donc absolument indispensable, pour comprendre la nature de ces états de conscience, et leur fonction dans l’économie de la culture, de commencer par les mettre en perspective avec cette dimension magico-religieuse d’où ils émergent. Nous ne nous limiterons pas à la dimension religieuse, nous explorerons aussi ses marges. Ce sera la première tâche de ce cours. Mais la documentation est si nourrie, et le sujet si ample, que nous nous contenterons de faire des « carottages », à divers moments historiques, pour construire un problème, avec comme fil conducteur un outil théorique que j’ai forgé au contact de ces dossiers, et que j’appelle le « décrire-construire. »

Ce cours devrait comporter six sections principales :

1) Dans une premier chapitre, je commencerai par un ensemble de définitions relatives aux états non ordinaires de conscience, puis je préciserai quelques notions, quelques outils théoriques que nous allons utiliser pour tracer une trajectoire dans ce domaine ; et notamment, celui du décrire construire.

2) Dans un deuxième chapitre, nous examinerons les arrière plans magico-religieux dans lesquels les états non ordinaires de conscience se sont d’abord développés, leur biotope originel, pourrait-on dire, à travers des exemples pris surtout dans le monde antique.

3) Dans un troisième chapitre, nous verrons comment la théologie chrétienne, puis le rationalisme, ont peu à peu rejeté cette dimension. Puis nous nous intéresserons à sa résurgence, à travers plusieurs mouvements qui ont défrayé la chronique aux XVII°, XVIII° et XIX° siècles, comme le magnétisme animal.

4) Dans un quatrième chapitre, nous envisagerons la question sous un angle dynamique, en cherchant à décrire le développement de ces phénomènes, leur surgissement périodique, sous forme de vagues. De décrire leur cycle en quelque sorte.

5) Dans une cinquième chapitre, nous examinerons un échantillonnage d’états non ordinaires de conscience, empruntés à divers moments de la culture, pour bien faire ressentir, à la fois leur diversité et leurs points communs, pour montrer les divers visages qu’ils sont capables de revêtir après une matrice commune.

6) Enfin, dans un dernier chapitre, nous ferons le bilan, pour conclure, de l’influence de ces états de conscience sur les divers secteurs de la culture : sur la psychologie, l’art, la littérature, la science, la politique.

Séminaire II : Introduction à l’histoire de l’ésotérisme moderne et contemporain

Plusieurs facteurs rendent difficile l’appréhension de l’ésotérisme.

Il y a d’abord la mode qui règne autour de cette question, favorisée par les romans de Dan Brown, et toute la littérature du même genre. Mode dont le ressort principal est l’idée du secret et du complot. Un petit groupe de gens détiendrait une information depuis de temps immémoriaux et manipulerait à leur insu les hommes. Cette compréhension hollywoodienne et sensationnaliste ne nous apprend pas grand chose sur l’ésotérisme, mais elle est très révélatrice de notre société, elle parle au sociologue. Elle nous montre une société dirigée par des oligarchies opaques, une société dont la complexité est devenue telle que plus personne ne maîtrise les processus qui s’y déroulent. Dans cette perspective, les scénarios « conspirationnistes » où l’on introduit des thèmes propres à l’ésotérisme, comme le rôle secret des Templiers, ou de telle autre société secrète, dans le développement de l’histoire, traduiraient tout simplement le désir de garder le contrôle des mécanismes sociaux qui nous échappent en prêtant à des groupes la capacité de maintenir un contrôle secret sur les événements.

La deuxième raison qui rend difficile l’approche de l’ésotérisme, et selon moi la principale, c’est que les courants de pensée que l’on regroupe sous ce terme générique traduisent une idée du savoir qui vient de l’antiquité, qui a participé à l’essor de la science moderne, mais qui s’est modifiée sous l’influence de la science. Et qui a été obligée pour survivre de prendre le maquis, de s’occulter. De ce fait, comme nous sommes façonnés par l’idée moderne du savoir véhiculée par la science, il est devenu extrêmement difficile de saisir ce qu’est l’ésotérisme. Y parvenir requiert au préalable de s’arracher au formatage qu’a opéré sur nous cette idée moderne du savoir. Cela exige donc tout un travail historique, philosophique préparatoire.

La troisième difficulté, qui est liée à la précédente, concerne de ce fait la définition même de l’ésotérisme. Car, selon la définition que l’on va en donner, la nature du sujet et le volume des informations à maîtriser va changer du tout au tout. On verra en effet qu’il y a deux définitions possibles de l’ésotérisme : 1) une définition très large, qui englobe presque tous les savoirs pré modernes, définition qui est souvent propagée par les tenants de l’ésotérisme eux mêmes. 2) une définition restreinte, à laquelle je vais me rallier, définition qui lie l’ésotérisme à l’essor de la science moderne en Occident

la quatrième difficulté réside dans l’énorme volume des connaissances à assimiler, même pour celui qui s’en tient à la définition restreinte que je viens de proposer. Devant cette situation, il n’y a pas d’autre solution, surtout dans le cadre d’un cours d’initiation, que de pratiquer des carottages, de s’installer aux endroits stratégiques, ce qui requiert la maîtrise des points précédents.

Pour toutes ces raisons, le parcours que je vais tracer avec vous va commencer par privilégier, à l’accumulation des connaissances factuelles, la maîtrise des outils conceptuels. Il est impossible de s’orienter dans l’histoire de l’ésotérisme sans commencer par tenter de préciser le concept même de l’ésotérisme, et pour y parvenir on ne peut le faire que par contraste avec le mode de savoir qui a précédé à la naissance de la science moderne, et que nous avons aujourd’hui le plus grand mal à saisir. Il en découle le plan général que je vais tenter de respecter dans l’organisation de ce cours.

1) Dans la première partie du cours, nous allons tenter de nous orienter dans l’ésotérisme, en le présentant par contraste avec les formes de savoir qui ont précédé la science moderne. Nous présenterons d’abord un échantillonnage de termes et de notions que nous ne cesserons de rencontrer pendant le cours. Nous montrerons la difficulté d’appréhender l’ésotérisme si nous n’en précisons pas au préalable le concept, et si nous n’en donnons pas une définition précise et restreinte.

2) Dans une deuxième partie nous examinerons le moment nodal ou se constitue l’ésotérisme, la naissance de la science moderne, la rupture galiléo-cartésienne. Nous montrerons que l’ésotérisme a participé à la naissance de la science et de la philosophie moderne, mais qu’en même temps il a refusé de suivre le chemin qu’elle a suivi, et que c’est cette divergence qui le constitue en propre.

3) Dans une troisième partie nous examinerons quelques grands thèmes de l’ésotérisme (notamment son intuition centrale de la « co-naturalité de l’homme et du monde »). En partant de cette idée-mère, nous verrons comment l’ésotérisme a influencé et nourri la science, à travers les cas de Giordano Bruno, de Kepler, de Descartes, de Newton, de Mesmer. Nous tenterons d’examiner la nature de cette influence paradoxale et d’en tirer les leçons concernant la place de l’ésotérisme dans la connaissance.

4) Enfin, dans une dernière partie, nous examinerons plusieurs courants historiques constitutifs de l’ésotérisme moderne et contemporain, comme la théosophie, l’alchimie, l’anthroposophie.


Powered by Wild Apricot Membership Software